1917-1918, avec ou sans sucre ...

Si la période des fêtes semble désormais propice aux excès et le début de l'année à celui des bonnes résolutions, nos aïeux ne risquaient pas la crise de foie au lendemain des fêtes de fin d'année...

Pendant la 1ère guerre mondiale, la mobilisation des hommes, les réquisitions, l'occupation par l’ennemi de régions de production entraînent des difficultés de ravitaillement. Certains produits de première nécessité viennent à manquer et les prix augmentent. Une législation est mise en place pour organiser le rationnement du pain, du sucre, de la viande, du tabac, du charbon… et réglementer les tarifs. En 1917, le Maire de Cholet fixe le prix du sucre cristallisé à 1 franc 50 le kilo et à 2 francs 15 l'année suivante tandis que le sucre raffiné atteint les trois francs. Le carnet de sucre entre en vigueur à la fin de l'année 1917. La portion accordée est alors de 750 g par tête et par mois, puis cette portion diminue à 500 g. Malgré tout, le sucre manque souvent alors les tensions et les suspicions apparaissent. En février 1918, monsieur P, notable, doit publier un démenti dans deux journaux choletais, L'Intérêt Public et Le Réveil Choletais, pour répondre aux rumeurs qui l'accusent : " j'ai été amicalement prévenu, il y a quelques jours, qu'on répandait sur mon compte un bruit mensonger et calomnieux. D'après ce racontar, j'aurais demandé à mon fournisseur habituel un supplément important de sucre, en dehors de mes carnets de famille… Comme ce faux bruit a beaucoup circulé, et qu'on a cherché à l'exploiter contre moi, avec une intention très malveillante, dans une affiche manuscrite où l'auteur se donne des airs de Grand Justicier, tout en abritant sa mauvaise action sour le couvert de l'anonymat, je me décide à rendre public mon démenti. J'affirme donc que ce récit est entièrement faux et inventé… J'ajoute que je limite ma consommation de sucre à la quantité qui m'est attribuée... ". Façe à la pénurie de sucre, la population choletaise doit se contenter d'un succédané, la saccharine, enfermée dans des paquets de plus en plus petits, et ce jusque dans les années 20.