La guerre d'Algérie
1954-1962
DES APPELÉS CHOLETAIS EN ALGÉRIE
BILAN DE LA COLLECTE DE TÉMOIGNAGES ET DE PHOTOGRAPHIES
ARCHIVES MUNICIPALES DE CHOLET
Près de deux millions de français ont participé à la guerre d'Algérie entre 1954 et 1962.
Seulement deux dossiers, conservés aux Archives municipales de Cholet, illustrent cette histoire au niveau local :
- le premier dossier concerne l'installation de la plaque mémoriale apposée devant le monument aux morts en 1967.
- le second dossier concerne l'attribution de la mention " Mort pour la France " aux Choletais victimes de ce conflit.
Pour conserver cette mémoire, il était donc urgent de sauvegarder le témoignage des hommes, aujourd'hui octogénaires, qui ont abandonné un peu de leur jeunesse au pays. Entre 2021 et 2022, le service des Archives a collecté les souvenirs de plusieurs appelés choletais en Algérie et mené une campagne de numérisation et d'indexation des photographies de cette époque.
gGroupe de chauffeurs, Ouarizane, 1957 – Archives municipales de Cholet, 6Num 54/012g
À cette époque, chaque jeune français est appelé, dans l'année de son vingtième anniversaire, pour effectuer son service militaire obligatoire. Depuis la loi du 30 mars 1950, la durée du service militaire est de 18 mois.
De 1954 à 1962, les appelés en Algérie, avec les militaires actifs, participent au "maintien de l'ordre en Afrique du Nord". Toute une génération de jeunes hommes est envoyée sur le sol algérien pendant de longs mois (jusqu'à 30 mois) et plongée dans un conflit, une guerre qui ne dit pas son nom. Ces opérations de maintien de l'ordre sont reconnues comme étant la Guerre d'Algérie depuis le 5 octobre 1999.
gPorteur d'eau, Négrine, 1958 – Archives municipales de Cholet, 6Num 57/090g
gEnfants jouant à la fontaine, Kroubs, 1958 – Archives municipales de Cholet, 6Num 57/030g
Le témoignage des appelés choletais, 60 ans après les événements, leurs photographies prises en Algérie et parfois légendées, apportent un éclairage très intime et personnel sur cette période de l'histoire. Autant de personnes, de situations et d'approches différentes d'un même conflit et pourtant beaucoup de récurrences dans les discours et les images.
Le départ de France, la formation militaire, la découverte d'un pays et d'une culture différente, la camaraderie, les paysages et les conditions climatiques, la population locale, le courrier, les conditions de vie, la dureté de la guerre, les gardes, les permissions et le retour à la vie civile, sont les différentes thématiques abordées par les témoins.
gSurveillance de la piste, 1960 – Archives municipales de Cholet, 6Num 59/068g
gCartographie de la présence en Algérie des appelés choletais interviewésg
gMilitaires avant l'embarquement, 1961 – Archives municipales de Cholet, 6Num 58/013g
Les photographies rapportées en France montrent la vie des appelés avec la guerre en toile de fond. Guerre qui, par nécessité ou choix photographique, est presque occultée. Nulle trace de combats, de morts ou de blessés sur ces clichés, à peine quelques bâtiments endommagés. Il existe donc un léger décalage entre la parole qui évoque la guerre et les images conservées dans ces albums.
Les scènes photographiées, quant à elles, racontent la curiosité pour l'autre, la camaraderie entre appelés, l'envie de découverte, les missions militaires et un certain attrait pour les armes et les engins militaires !
À la suite de cette collecte de témoignages, quelque 500 clichés, photographies et diapositives, en couleur ou en noir et blanc, sont désormais indexés et consultables aux Archives.
gDéfilé pour l'indépendance, 1962 – Archives municipales de Cholet, 6Num 58/020g
Les enfants de Cholet tombés là-bas
Le 18 mars 1962, l’État français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne signent les accords d'Évian mettant fin à 132 années de colonisation par la France. Pour autant, de nombreux jeunes hommes sont encore en Algérie afin d'organiser la logistique du retour et de décolonisation.
Appelés choletais morts en Algérie :
Henri LE DAIN (Tébessa, 1956) - Michel LECOINDRE (Alger, 1956) - Jean Marie GUINEBERTEAU (Ziama Mansouriah, 1956) - Jean CHOULET (Aflou, 1957) - Gérard LEBANSAIS (Bougie, 1957) - Claude AMIOT (Batna, 1958) - Jean-Paul BOUCHET (Mahafouda, 1960) - Pierre BOUCARD (Djebel Mongorno, 1960) - Henri CHARPENTIER (Draâ El-Kaïd, 1961) - Yves COQUELIN (Tipaza, 1961) - Maurice AUGEREAU (Oued El Alleug, 1961).
gL'Intérêt Choletais, 1961 – Archives municipales de Cholet, 19Per39g
Les souvenirs et les propos des témoins sur les événements d'Algérie n'engagent que les principaux intéressés. Les Archives vous en livrent quelques extraits, bruts, sans orientation ou idées préconçues.
Le choix des témoins s'est fait au hasard des rencontres et avec l'aide des associations d'anciens combattants, dans une période compliquée de pandémie qui a limité les contacts.
Afin de respecter la vie privée des témoins, les extraits sont volontairement anonymisés.
Cette parole, toute enrichissante soit-elle pour l'histoire locale, illustre les souvenirs d'une partie des protagonistes seulement, les appelés. Il faudrait pouvoir compléter ces mémoires avec celles des harkis, des pieds-noirs et des Algériens...
Le voyage vers l'Algérie
À leur incorporation, les témoins sont loin de se douter de ce qui les attend. Au contraire.
Sur le voyage, ils sont unanimes : transport dans des trains antédiluviens, passage dans le camp, infect, de Sainte-Marthe à Marseille et longue traversée, dans les cales d'un bateau, vers l'Algérie !
La découverte de l'autre
Les appelés sont confrontés à l'envers de ce que la France appelle la pacification.
En Algérie, ils ne découvrent pas seulement la guerre mais un pays différent et un autre peuple. Loin de la formule "L'Algérie, c'est la France", ils ne peuvent que constater la dissemblance avec leurs conditions de vie.
Une mémoire douloureuse
La guerre d'Algérie, comme tous les conflits, a confronté les hommes à de terribles situations.
Persuadés d'oeuvrer à la pacification, certains appelés affrontent le pire : attentat, torture, bruit des mitraillettes ou cadavres. Autant d'horreurs, qui, après plusieurs décennies, restent toujours en mémoire.
Entre gardes et logistique...
Chaque parcours est différent selon les missions, la période ou la localisation.
Sans occulter les mauvais aspects, les appelés révèlent des épisodes de vie communs, ponctués de gardes, de missions de maintenance ou de logistique, à l'écart des combats et parfois de la population locale.
... un peu d'évasion, malgré la guerre
En Algérie, les appelés ont aussi des moments libres et des loisirs.
Ils peuvent passer le temps en écrivant à leur famille ou pratiquer un peu de sport. Certains bénéficient de permissions pour rentrer quelques jours en France. Pour les autres, le dimanche permettait de se reposer et de visiter un peu le pays...
Le retour à la vie civile
La quille sonne la fin du service militaire et le retour en France !
Les appelés doivent alors se réadapter, plus ou moins facilement, à la vie civile. Certains y arrivent rapidement alors que d'autres doivent d'abord oublier. À l'époque, il n'est pas forcément facile de parler de l'Algérie avec ceux qui ne l'ont pas vécu...
gNotes manuscrites des témoinsg
ARCHIVES MUNICIPALES DE CHOLET
Tous nos remerciements aux associations des Anciens Combattants et à messieurs Hérault, Morin, Gouraud, Masson, Auvinet, Bernard, Balutaud, Baumard, Lapeyronie, Chevallier et Fonteneau pour leurs témoignages et, ou, leurs photographies.
Conservateur des Archives : Thierry Pineau
Collecte de témoignages et textes : Nathalie Lucas
Numérisation des photographies : Marielle Raud