Les débuts de la guerre
Les espoirs d’une paix préservée sont de courte durée avec l’entrée en guerre de la France en septembre 1939. Jusqu’en juin 1940, les Choletais entrent dans une longue période d’attente, « la drôle de guerre », où la vie quotidienne ressemble, à bien des égards, à celle du temps de paix.
Une paix fragile
En 1939, le peuple français, à peine remis de l’effroyable épreuve de la Première Guerre mondiale, n’aspire plus, désormais, qu’à vivre en paix. Malgré les accords de Munich, en septembre 1938, qui règlent tout au moins la question tchécoslovaque, ses appréhensions restent vives.
Les fondements de la paix restent précaires. L’organisation générale de la Nation pour le temps de guerre se met en place dans les communes de France. La défense passive contre les bombardements aériens s’organise et des mesures préventives sont prises par voie d’affichage.
La paix sera-t-elle préservée ?
De nombreux signes traduisent cette situation : les instructions relatives au fonctionnement des correspondances télégraphiques, téléphoniques et de la radio, les réquisitions civiles et militaires (logement, nourriture, vivres, fourrages, effets, habillement, couchage, véhicules automobiles…), le rappel de certaines catégories de réservistes.
L'entrée en guerre
Le 1er septembre 1939, après l’invasion de la Pologne, le Conseil des ministres français décrète la mobilisation générale et adresse un ultimatum « Si l’Allemagne ne retire pas promptement ses forces du territoire polonais, le gouvernement français remplira sans hésitation ses obligations à l’égard de la Pologne ».
La Mobilisation
L’état de guerre se caractérise par le transfert des pouvoirs de police à l’autorité militaire. De nombreuses décisions sont prises par les autorités : le camouflage des lumières, la réquisition des chemins de fer, le rétablissement de la censure, les restrictions sur l’essence, sur les communications téléphoniques et télégraphiques …
L’accueil des réfugiés parisiens
Dès septembre 1939, le département est confronté à l’arrivée des premiers réfugiés. Des dizaines de milliers d’évacués parviennent en Maine-et-Loire au cours du premier mois de guerre, la plupart originaires de Paris. Plusieurs milliers de fonctionnaires parisiens se replient également en Anjou avec leurs administrations transférées à Angers et à Saumur. Une arrivée, aussi massive, ne se fait pas sans difficultés. L’ensemble des communes du département est mis à contribution. La Ville de Cholet est ainsi sollicitée pour accueillir 9350 réfugiés parisiens issus du XVe arrondissement de Paris.
Le 9 septembre est créé un comité d’accueil afin de recenser les lits disponibles chez l’habitant pour y accueillir les réfugiés parisiens. Le recensement des réfugiés s’organise à Cholet à partir du 14 septembre. Courant septembre, des d’instructions sur le contrôle sanitaire et le régime des réfugiés sont transmises par la Préfecture au Maire de Cholet.
La drôle de guerre
L’activité économique, fortement déstabilisée par le départ aux armées de milliers d’appelés, donne des signes de très net ralentissement. Tous les secteurs de la vie économique sont affectés. Commerces, administrations, transports, services de l’eau, du gaz, des postes… doivent continuer à fonctionner avec un effectif réduit. Parfois, certains commerçants se trouvent contraints de cesser leur activité.
Le secteur de l’agriculture est particulièrement éprouvé. 65% des mobilisés sont agriculteurs. Le rendement des récoltes est compromis. Pour assurer la bonne marche des fermes il ne reste, la plupart du temps, que des femmes, des enfants et des vieillards. Quelques mesures sont prises rapidement : libération contrôlée de certaines classes et permissions de semailles de 30 jours accordées aux agriculteurs. Mais le malaise des agriculteurs s’accentuera encore avec des réquisitions considérables de chevaux et de bétail pour le ravitaillement de l’armée.
Le départ aux armées des soutiens de famille a radicalement transformé la situation sociale. De nombreuses familles, sans ressources, se trouvent dans des situations très difficiles. Des mesures sociales sont alors prises par les pouvoirs publics dont la plus importante, l’institution des allocations militaires, a permis d’apporter une aide aux familles de mobilisés. En novembre 1939, de nouvelles mesures sont accordées aux militaires chargés de famille. La gratuité de l’envoi de colis aux soldats est retenue pour les foyers percevant les allocations militaires et des réductions des tarifs postaux pour les autres.
Parallèlement à ces mesures officielles, un considérable effort d’entraide et de solidarité se développe en direction des soldats. De nombreuses associations œuvrent en faveur des soldats aux fins de les distraire et de les équiper en vêtements chauds. Un ouvroir est également organisé à Cholet pour les œuvres de la guerre.
Malgré l’existence d’une situation nouvelle qui dure depuis l’automne, aucun fait notable ne vient troubler une vie quotidienne, qui, à bien des égards, s’est sensiblement rapprochée de celle du temps de paix. Cependant, des campagnes de récupération, des mesures en matière de défense passive et un recensement de la population viennent rappeler la situation.