La vie quotidienne
Durant ces quatre années sombres, le moral des Choletais a été largement éprouvé par des difficultés de ravitaillement et de déplacement. Des activités culturelles, sportives, artistiques, intenses et un élan de générosité ont permis à l'ensemble de la population de supporter ces conditions difficiles.
Des difficultés économiques
Après les angoisses et la désorganisation des premières semaines de l’Occupation, la vie renaît dans la cité. Le réseau ferroviaire et routier se réorganise autour de la région choletaise et les courriers postaux, bien qu’encore réduits, fonctionnent à nouveau.
Cependant, dès juillet 1940, une hausse anormale des prix des denrées et des marchandises perturbe la vie économique de la région choletaise. Afin d’enrayer cette augmentation et pour éviter que les denrées n’atteignent des prix prohibitifs, la taxation de certains produits comme le beurre et la viande de boucherie est imposée. Par ailleurs, la prohibition d’exportation dans la zone libre grève lourdement la situation financière des entreprises et entrave la reprise économique souhaitée. Tous les secteurs de la vie économique sont touchés par le manque de matières premières. On manque dans la maçonnerie de ciment, dans la charpente de bois tendres, dans l’électricité de fils et de câbles…
Une industrie au ralenti
L’industrie textile ne travaille plus que 24 heures, 21 heures ou encore 12 heures par semaine. Ce ralentissement est dû essentiellement à la pénurie des matières premières, lin et coton provenant en grande partie du nord de la France et de l’étranger, provoquée par le blocus, le manque de moyens de transport et le contingentement de la production (30% de l’année passée).
L’industrie de la chaussure qui tient une place prépondérante dans le Choletais, connaît, elle aussi, une production en nette diminution : les usines ont de grandes difficultés à s’approvisionner en matières premières (fil, cuir...)
Une agriculture malmenée
L’agriculture n’est pas non plus épargnée par la guerre. Bien que l’élevage soit prospère dans le Choletais, dès 1940, la main d’œuvre fait souvent défaut. Beaucoup d'agriculteurs, mobilisés en 1939, sont maintenant prisonniers. Les superficies emblavées diminuent au fil des années. Le manque d’engrais azotés appauvrit les sols, réduisant ainsi les rendements. Enfin, les impositions ordonnées par le Secrétariat d’État au ravitaillement et les réquisitions décrétées par les autorités allemandes étranglent progressivement l’agriculture.
Un chômage croissant
Toutes ces difficultés économiques entraînent, à Cholet comme dans les autres villes de la zone occupée, une augmentation du nombre de chômeurs. Pour résorber ce chômage, la municipalité, suivant les instructions du gouvernement, décide de mettre en place un plan général de travaux : agrandissement du cimetière de la Croix de Bault, adduction d’eau des Noues…
Des difficultés de ravitaillement
La priorité pour chacun est de vivre et même survivre en ces temps difficiles. Assurer le quotidien du foyer est une mission de tous les jours. Se nourrir devient une obsession majeure. Durant toute la période d’Occupation les restrictions et le rationnement vont s’étendre.
De la pénurie …
À partir de juin 1940, les Choletais sont rapidement confrontés, comme dans le reste du pays, aux difficultés de ravitaillement de certaines denrées alimentaires (beurre, sucre, café…). Les restrictions touchent, également, tous les secteurs de l’économie. La population éprouve de grandes difficultés à s’approvisionner en essence, en charbon, en pétrole lampant… De même, la pénurie en matières premières incite les autorités à lancer des campagnes de récupération.
… au rationnement
Dès septembre 1940, l’État met en place un système de rationnement afin de répartir, le plus équitablement possible, les ressources dont il dispose. Les cartes d’alimentation individuelles et nominatives accompagnées de leurs bons entrent ainsi en vigueur. De nombreuses autres cartes viennent peu à peu compléter les mesures de ravitaillement.
La municipalité de Cholet tente aussi de réglementer la distribution du lait par l’intermédiaire de dépôts afin d’« éviter les livraisons irrégulières, [d’] éviter les pertes et [d’] approvisionner les beurreries ».
Des difficultés de déplacement
L’une des premières mesures prises par l’occupant a été l’interdiction de toute circulation de voitures sauf pour les détenteurs d’un laissez-passer : seuls les médecins, les agriculteurs et les entreprises industrielles et commerciales présentant un intérêt essentiel pour la vie du pays vont pouvoir en bénéficier.
Cette interdiction et la pénurie d’essence limitent très vite l’usage de la voiture comme moyen de locomotion. La bicyclette devient ainsi la « petite reine » des villes. Cholet dispose d’un fiacre baptisé « fend l’Air » et également d’un « tandem-car », invention d’un artisan choletais.
Se distraire
Les Choletais tentent, tout au long de la période d’occupation allemande de se divertir à travers des activités littéraires, artistiques et sportives afin de fuir un quotidien difficile. À partir de 1941, la vie culturelle enregistre une activité considérable.
La lecture publique
La lecture publique est devenue une distraction essentielle. La soif de lire se développe considérablement et la Bibliothèque populaire connaît en 1941 un grand succès auprès des Choletais. Pour preuve, le bilan du nombre de lecteurs présenté par le Maire de la Ville, le 1er octobre 1941, lors de la commission de la Bibliothèque populaire.
Les spectacles
Des spectacles variés sont offerts à un public à la recherche d’évasion. Les représentations théâtrales sont de plus en plus nombreuses, et en 1944, le Conseil municipal envisage la création d’une saison lyrique. Deux des plus importantes sociétés musicales de la ville, « l’Harmonie Choletaise » et la « Société Jean-Sébastien Bach », donnent de nombreux concerts durant ces années difficiles.
Le sport
Dès août 1940, les autorités allemandes autorisent la pratique du sport. Les activités sportives sont très appréciées durant toute la période d’occupation. Le vélo reste cependant l’activité sportive la plus plébiscitée. Douze grands rendez-vous cyclistes ont ainsi lieu à Cholet entre 1941 et 1944 dont le « circuit des Mauges », le « Grand Prix du Commerce et de l’Industrie », le « Grand Prix de la Municipalité »… La Mi-carême de 1941 est également tournée vers le sport avec l’organisation d’une course de bicyclettes avec remorques.
Les expositions
Les expositions, organisées le plus souvent au Musée municipal, sont nombreuses et variées. Elles présentent les œuvres des artistes Pierre Hérault, Maurice Siodeau, Henri Genevrier dit « Grand Aigle », Pierre Bertrand, Auguste de Roeck... Certaines expositions sont aussi proposées par les philatélistes et la Section Choletaise de l’Amicale Franco-coloniale.
Les conférences
Durant ces années d’occupation, la Société des Sciences, Lettres et Beaux-Arts a organisé la majeure partie des conférences proposées aux Choletais. Celles-ci ont obtenu un tel succès auprès du public qu’il a fallu agrandir la salle du Musée où elles étaient données.
Un élan de solidarité
La période d’occupation est marquée par un grand élan de générosité visant à soulager les plus démunis, les familles de prisonniers et les prisonniers eux-mêmes.
… au profit des prisonniers de guerre
Tout au long du conflit, Cholet multiplie ses actions en faveur des prisonniers de guerre. Vichy prend très tôt en charge cette question en reconstituant le Secours National. Celui-ci organise, au profit des prisonniers, des collectes grâce aux bons de solidarité, à la préparation de colis de Noël, aux appels à la générosité et autres manifestations caritatives.
Parallèlement au Secours National, des organisations autonomes d’entraide telles que la Croix Rouge et le Comité départemental d’aide aux prisonniers assurent l’envoi de colis.
Enfin la solidarité envers les prisonniers de guerre est aussi à l’initiative de particuliers, de nombreuses sociétés musicales, artistiques et sportives et même d’anciens prisonniers. Pendant que certains organisent des spectacles de tout genre d’autres créent une nouvelle œuvre choletaise : « le pécule du prisonnier ».
… au profit des plus nécessiteux
Le 8 septembre 1939 est créée la « Cantine des Réfugiés », remplacée en 1940 par la « Cantine Municipale » et en 1941 par « l’Oeuvre Choletaise d’Entr’aide » : elle est chargée de secourir ou d’aider les familles peu aisées, les enfants pauvres des écoles, et éventuellement les sinistrés et les réfugiés en distribuant des repas à tarifs réduits. En mars 1943, « l’Oeuvre Choletaise d’Entr’aide » a servi, depuis sa création, 1 441 630 repas.