Vacances à la mer

L'été 1936 marque un tournant dans la société française avec la mise en œuvre des premiers congés payés.

Des vacances pour tous. Voilà ce qu'obtiennent les ouvriers à l'été 1936. L'acte déclencheur est la victoire du Front Populaire aux élections du 3 mai qui débouche sur un important mouvement social. Les accords de Matignon stoppent les grèves. Ils augmentent les salaires, fixent la durée du travail à 40 heures et offrent deux semaines de congés payés aux ouvriers. L'été arrive. Les classes populaires en profitent pour aller sur la côte en bicyclette ou en train grâce au billet populaire de congés annuels. Si les vacances sont accessibles à tous, peu ont le luxe d'avoir un moyen de locomotion, l'automobile étant uniquement à la portée des plus riches. Peu de longs trajets pour la grande majorité. On profite de l'herbe à la campagne, des bords d'un lac ou d'une rivière pour passer du bon temps en famille ou entre amis. On se contente de peu pour ses premières vacances. Une toile de tente plantée sur un carré d'herbe, un pique-nique au grand air et des baignades suffisent largement au bonheur de ceux qui y goûtent pour la première fois.

Les choletais n'ont pas attendu 1936 pour goûter aux joies de la mer. Dès 1892, ils peuvent prendre un " train de plaisir " au départ de la gare de Cholet pour rejoindre les stations balnéaires proches Les Sables, Saint-Gilles ou Pornic… Il faut alors environ 4 heures de train pour rejoindre la côte vendéenne. Mais à 6 francs 50 cts par personne l'aller et retour, le voyage n'est clairement pas pour tout le monde et pèse sur le panier de la ménagère ! (tarif du marché : une livre de beurre 1 franc 5 cts ; un kilo de pain 38 cts ; une douzaine d'oeufs 70 cts ; un kilo de bœuf 1 franc 50 cts …). Les photographies de cette époque nous dévoilent la pudeur des premiers baigneurs à profiter des bords de mer et de la plage. Peu habitués à se côtoyer en tenue légère, ils portent des caleçons très longs ou se baignent quasiment habillés.