Paroles d'ouvriers au 19e siècle
Des ouvriers choletais à l'Exposition Universelle de Paris !
En 1889, le Conseil municipal de Cholet envoie plusieurs ouvriers et artisans visiter l'Exposition Universelle de Paris afin qu'ils découvrent les produits et les nouvelles techniques concernant leurs métiers. A leur retour, ils doivent rédiger un rapport sur ce qu'ils ont vu et ce qu'ils en ont pensé. La lecture de ces documents, rédigés par de simples travailleurs, permet de comprendre leurs perceptions des bouleversements industriels de l'époque.
Zoom sur la parole des ouvriers choletais :
Albert Louis, ébéniste (1850-1902), découvre l'enseignement professionnel : " il y a quinze ans aucun de ces cours n'existait, et beaucoup de jeunes gens restaient inactifs faute de ne savoir quelle profession ils devaient apprendre, tandis que de nos jours, avant que ces jeunes gens soient sorti de l'école, ils sont moitié familiarisés avec leurs vocations. Les générations qui poussent s'en apercevront encore mieux que nous et à leur grand profit "
Louis Barteau, charpentier (1845-1912), s'inquiète de la mécanisation : " le nombre des ouvriers sans travail devient tous les jours de plus en plus grand ; et la machine qu'eux-mêmes ont inventé pour les aider dans leurs labeurs ne sert aujourd'hui qu'à leur couper les bras "
Pierre Chupin, tisserand (1845-1925), réclame plus de formation : " dans toutes les villes, les municipalités font leur possible pour faire prospérer leur industrie en créant des écoles professionnelles ou des cours pour perfectionner l'ouvrier. Faites en autant ! "
Louis Auger, tisserand à bras (1830-1914), est favorable à la variété de la production : " l'exposition est une nouvelle preuve que plus un pays industriel fait d'articles différents moins les ouvriers ont à craindre le chômage "
En 1889, parmi les attractions de l'Exposition Universelle de Paris, trônait, imposante, une certaine Tour Eiffel, dont aucun ouvrier choletais n'a fait allusion dans son rapport !
👉 Les Expositions universelles sont nées de l'esprit des Lumières afin de témoigner des progrès techniques et scientifiques de l'esprit humain. La première exposition a lieu à Londres en 1851, suivie de celles de Paris en 1855, 1867, 1878 et 1889. À cette époque, se développe la volonté de rendre l'événement accessible au plus grand nombre et surtout aux ouvriers. En 1889, pour le centenaire de la Révolution française, Paris organise une Exposition universelle exceptionnelle.
Pour en savoir plus...
Vous pouvez consulter, en salle de lecture des Archives, le dossier 2F32 - Expositions universelles, envoi de délégations : circulaires, avis, correspondance, instructions, rapports des délégations (1851-1900), extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de Cholet (17 mai 1878), liste des délégués, cartes de délégués (1878), cartes de transport pour les ouvriers envoyés aux frais des chefs d'établissements, des municipalités, des chambres de commerce ou des comités locaux à l'exposition universelle, compte-rendu du délégué de la société des Beaux-Arts de la Ville de Cholet, procès-verbaux des ouvriers tisserands n'appartenant à aucune chambre syndicale (1889).
