Julie, jeune aveugle au destin singulier
La vie de Julie Banchereau, née à Cholet le 1er janvier 1802, offre un éclairage précieux sur la prise en charge des personnes handicapées à cette époque.
Aveugle de naissance et issue d’un milieu modeste, Julie perd sa mère à l’âge de douze ans. Sans famille capable de l’accueillir, elle est confiée à l’hôpital de Cholet, administré par les sœurs de la Charité. À cette époque, aucune structure éducative ou professionnelle n’existe dans le département pour les enfants atteints de cécité.
C’est dans ce contexte que la sœur Hylaire, religieuse en poste à l’hôpital, entreprend des démarches pour faire admettre Julie à l’Institut royal des jeunes aveugles de Paris. Lorsqu'elle doit quitter Cholet, elle transmet le dossier à François Turpault, maire de la ville.
Ce dernier poursuit les démarches avec détermination. Il sollicite le ministère de l’Intérieur, fait préparer un trousseau et organise le voyage de Julie vers Paris, veillant à ce qu’elle soit accompagnée tout au long du trajet. Ces démarches, qui s’étalent sur près de deux ans, témoignent d’un engagement concret.
Julie est admise à l’Institut en 1818. Elle y reçoit une instruction générale (lecture, calcul, histoire, géographie) et apprend un métier manuel, notamment le tricot et le filage. Un bulletin scolaire conservé aux archives municipales atteste de ses progrès et de sa bonne conduite.
À son retour à Cholet, Julie vit modestement, exerçant le métier de tricoteuse à domicile. Elle partage sa chambre avec une autre ouvrière et bénéficie d’une pension de 100 francs par an.
Julie Banchereau décède en 1874, à l’âge de 72 ans. Son parcours illustre les limites mais aussi les possibilités offertes aux personnes handicapées. Le rôle de la sœur Hylaire et du maire Turpault montre que des initiatives religieuses et municipales tentaient de compenser l’absence de dispositifs nationaux.