Insolite - Une alsacienne, boulevard Gustave Richard

Boulevard Gustave Richard, un visage de femme est sculpté au fronton d'un beau bâtiment du XIXe siècle. Sa tenue et sa coiffe traditionnelle permettent de reconnaître la figure d'une Alsacienne. Que vient faire à Cholet une telle représentation ?

Le bâtiment date de la fin du XIXe siècle, 1895 plus précisément. Il s'agit d'une ancienne manufacture de bonneterie appartenant à Ludovic Clémot, négociant et mercier en gros. Est-il alsacien ? Ce fronton est-il le reflet de sa nostalgie du "pays" natal ? Pas du tout, Clémot est originaire de Vihiers et son épouse vient de la région angevine.

La raison est toute autre. L'époque est propice à la mise en avant de la figure de l'Alsacienne en France. La guerre de 1870 se conclut en 1871 par la signature du traité de Francfort. La France vaincue doit céder à l'empire Allemand, l'Alsace et une partie de la Lorraine. Le thème de l'Alsacienne est donc très présent jusqu'à la Première Guerre mondiale, par exemple sur les cartes postales et symbolise le sentiment patriotique des Français. Le choix de cette figure d'Alsacienne sculptée au fronton de son magasin, mais aussi illustrée sur les factures de sa fabrique, est plus personnel. En effet, Ludovic Clémot est un ancien militaire de la guerre de 1870. Médaillé militaire, il s'engage activement dans l'Union patriotique des combattants de 1870 de Cholet. La perte de l'Alsace, il l'a donc vécu intimement... quant à son épouse, elle embrasse les mêmes convictions que son mari. Lorsqu'en 1899, les Brémond organisent une soirée mondaine "travestie", madame Clémot se déguise en Alsacienne !