Cholet, ville et agglomération
Les archives du Choletais

Insolite - Les prisons de Cholet

Les premières formes d’enfermement (avant 1870)

Sur un plan de Cholet de 1750, la prison se trouve face au château, presque à l’emplacement actuel de la mairie. Les prisonniers y dormaient sur de la paille, renouvelée tous les quinze jours pour ceux restant plus de cinq jours. Leur alimentation consistait essentiellement en pain, et parfois de bœuf bouilli ou de haricots blancs cuits au gras. Les conditions étaient spartiates, et la surveillance minimale.

En 1797, la chapelle du château est réparée pour servir de prison temporaire. 

En 1816, un témoignage évoque une autre structure modeste et rudimentaire : une chambre de 16 pieds carrés, au rez-de-chaussée d’un bâtiment de la caserne de gendarmerie, située près de l’église Notre-Dame. Pavée de briques et dotée de deux ouvertures sécurisées par des barreaux de fer, cette cellule unique – appelée « le violon » – ne permettait pas de séparer les hommes des femmes, à moins d’un « bricage » improvisé.

En 1842, la situation reste inchangée : les conditions sont insalubres, la mixité est toujours de mise, et les évasions sont fréquentes. Un poêle est installé en 1863 dans la salle des détenus, et une cuisine rudimentaire permet enfin de préparer les repas sur place. 

La diversité des infractions y est frappante : des cas de prostitution clandestine, vol, vagabondage, mendicité, infanticide, violences domestiques, recel, abus de confiance, dettes, insultes, tapage ou encore rébellion y sont enregistrés. Des anecdotes illustrent aussi les réalités quotidiennes de la détention, comme en 1853 lorsque des codétenus font passer pipe et vin à un prisonnier par-dessus le tambour de la fenêtre.

Construction de la prison moderne (1864–1870)

Le 13 avril 1864, la décision est prise de construire un nouveau complexe judiciaire. Le palais de justice et la prison sont alors projetés sur les ruines de l’ancien château fort, détruit pendant les guerres de Vendée. Le palais est bâti à l’emplacement de la cour d’honneur, tandis que la prison s’élève juste derrière, sur les anciens remparts. Le projet est confié à l’architecte départemental Paul Jumelin. La prison est inaugurée en 1870, et bénéficie d’un règlement approuvé par le ministère de l’Intérieur.

Dès sa mise en service, la prison de Cholet intègre le réseau des six prisons du département de Maine-et-Loire. Mais en septembre 1926, un décret gouvernemental réorganise profondément la carte judiciaire et pénitentiaire de la France. Cette réforme entraîne la suppression de nombreuses juridictions locales jugées secondaires. Dans le département de Maine-et-Loire, trois établissements sont visés : les prisons de Cholet, Baugé et Segré. La maison d’arrêt de Cholet, bien qu’utilisée temporairement après 1926, est donc officiellement condamnée par cette réforme de rationalisation des moyens judiciaires de l’État.

Une reconversion progressive avant la démolition

Après sa fermeture officielle, la prison ne disparaît pas immédiatement. Dès 1934, les bâtiments sont réutilisés pour le stockage de blé par la Coopérative Agricole. En 1935, la bibliothèque municipale s’y installe provisoirement. Entre 1952 et 1965, le site connaît une période d’occupation intense, hébergeant notamment le Collège de Jeunes Filles, la Recette centrale et plusieurs associations.

La démolition de la prison a lieu en 1967. 

6Fi1141 - Vue aérienne, années 1955.
6Fi1141 - Vue aérienne, années 1955.
21Fi626 - Le personnel de la prison, sans date.
21Fi626 - Le personnel de la prison, sans date.
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